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Les coureurs internationaux du Cher donnent leur avis sur les « chaussures qui courent vite » - Le Berry Républicain

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Les championnats de France de 10.000 m, qui se déroulent ce samedi à Pacé (Ille-et-Vilaine) ont bien failli être placés sous le signe de la contreverse. Depuis plus d'un an, de nombreux records ont été améliorés. Plusieurs experts y voient une corrélation avec l'apparition de nouvelles chaussures, munies d'une plaque de carbone dans la semelle.

"Je n'avais pas envie d'acheter ces chaussures et c'était un vaste débat qui me prenait un peu la tête. Si je suis sur la ligne de départ d'un championnat sans avoir ces chaussures, alors que les autres filles les ont : est-ce que je pars en sachant que j'ai un désavantage ou est-ce que je les achète ?"

Floriane Chevalier-Garenne

Si habituellement, l'équipement n'a que peu d'impact sur la performance en athlétisme, la question se posait de savoir si un athlète bénéficiant de ces fameuses chaussures, au prix élevé pour des chaussures de running, ne serait pas avantagé par rapport à un concurrent qui n'en bénéficierait pas.

Si ces modèles sont toujours autorisés sur route, il ne le sont plus sur la piste (sauf pour les versions avec des pointes) depuis fin juillet et une décision de la Fédération internationale de limiter l'épaisseur des semelles à 20 cm. Une décision qui plaît à l'une des candidates à la médaille aux championnats de France de 10.000 m : la Berruyère Floriane Chevalier-Garenne.

L'avis de Floriane Chevalier-Garenne

« Les différentes études, les évolutions des chronos aux bilans et leur interdiction sur piste semblent montrer qu'il y a un certain avantage à avoir ces chaussures. Je n'avais pas envie d'en acheter et c'était un vaste débat qui me prenait un peu la tête. Si je suis sur la ligne de départ d'un championnat sans avoir ces chaussures, alors que les autres filles les ont : est-ce que je pars en sachant que j'ai un désavantage ou est-ce que je les achète ?Floriane Chevalier-Garenne. @ Olivier Martin

Leur interdiction règle la question et je trouve que c'est une très bonne chose. Je n'ai pas de problème avec les avancées technologiques, mais j'avais l'impression que l'on perdait l'essence même de l'athlé : en regardant un résultat, on se demande si la personne court avec ou sans les chaussures ; on ne sait plus trop quoi penser des performances réalisées ; les chronos perdent de leur saveur.

J'ai à coeur de rester dans mon "athlé de la vieille école", mais il y a les France de 10 km qui arrivent (ils devraient avoir lieu, sur route, le 4 octobre à Saint-Omer, NDLR). Sur route, elles sont toujours autorisées et la question va se reposer sur les championnats : est-ce que je prends le risque de rater une médaille ou une sélection ? C'est compliqué... Je ne dis pas que je les prendrai jamais, mais pour le moment je reste sur mes positions. »

L'avis de Bastien Augusto

« Pour avoir déjà utilisé ce type de chaussures, cela me paraît évident qu'il y a un gain avec elles. Après, je ne pense pas qu'elles font gagner 20 secondes sur 10 km. Déjà, rien que dans la tête, savoir que l'on a ces chaussures permet de se dire que l'on a quelque chose en plus. On est peut-être plus libérés, on se sent plus à l'aise, on se dit que cela va nous aider, etc.

Pour moi, ces chaussures ne font pas courir plus vite, mais elles apportent une économie de course. J'ai le sentiment d'être beaucoup plus aérien, d'être poussé vers l'avant, d'avoir une foulée plus grande. Cela aide à courir sur l'avant du pied. Par contre, Patrick (Ribeiro) mon entraîneur, a le sentiment que le pied tape plus au sol et que cela peut entraîner des blessures. Je n'ai pas assez de recul pour en parler. Je sais juste que j'use moins d'énergie et que je charge moins (en déchets métaboliques) mes mollets qu'avec des chaussures classiques.Bastien Augusto. @ Olivier Martin
Je trouve logique qu'ils aient mis une réglementation. Au début, c'était un petit peu le bazar. Tout et n'importe quoi sortait : des chaussures avec trois plaques, de la mousse, etc. Là, on sait à quoi s'en tenir. Et j'ai la chance d'être sponsorisé par Asics et de bénéficier des seules chaussures (de running) dont l'épaisseur est inférieure à la réglementation et qui sont autorisées sur piste.

Ces chaussures carbones sont désormais disponibles pour tout le monde. Tout le monde peut s'en procurer. Les choses évoluent, je pense qu'il faut se servir des technologies qui nous sont offertes. Je suis pour que tout le monde les mette. J'ai envie de dire tant pis pour ceux qui ne veulent pas les acheter. Je viens du vélo, c'est comme avec les roues carbones... »

L'avis de Jenipher Contois

« Je viens d'en recevoir il y a très, très peu de temps. Je ne les ai mises que deux fois sur piste donc j'ai assez peu de recul sur ces chaussures. Je comprends bien le phénomène de bascule qui nous propulse un peu plus vers l'avant et qui pourrait nous avantager. Après, c'est l'athlète qui court, ce sont les jambes qui font le travail. Les chaussures sont un plus, mais ne font pas une performance.

J'ai encore un peu de mal à mesurer le gain avec ces chaussures. Je ne sais pas si j'aurai le même sentiment en battant un record avec ces chaussures que sans. Si je bas mon record avec ces chaussures, je me dirais peut-être que cela vient de là, mais il ne faut pas remettre en question tout le travail qui est derrière. Il faut se dire que c'est un élément de plus vers l'optimisation de la performance, comme la récupération, l'alimentation, etc. Je ne pense pas que ce soit de la triche.Jenipher Contois. @ Olivier Martin
Par contre, le pied est peut-être moins sollicité avec ces chaussures. Ces dernières semblent faire un peu le travail à la place du pied. Si c'est le cas, c'est dommage car c'est tout un travail mis en place depuis des années pour être performants là-dessus. Je trouverais ça dommage que cela nivelle les qualités techniques. Et puis l'autre aspect, c'est que ces chaussures sont chères. Cela peut créer des inégalités économiques.

Mes chaussures, on me les a offertes. Je ne pense pas que je les aurais achetées. Du moins pas tout de suite. Peut-être que plus tard, ça aurait pu être indispensable pour être à niveau. Si je les ai, ce n'est pas de mon plein gré, dans le sens où je voulais ces chaussures, mais parce qu'on me les as offertes. Par contre, maintenant que je les aies, je vais les utiliser. »

Propos recueillis par Ludovic Aurégan




August 29, 2020 at 02:30PM
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Chaussures de course

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